Jean-Luc LECORNU, peintre varois
« La fatigue des sens crée. Le vide crée. Les ténèbres créent. Le silence crée. L’incident crée. Tout crée, excepté celui qui signe et endosse l’œuvre. »
Paul Valéry
Le peintre d’un no man’s land ?
On dit en biologie que la vie se développe d’autant plus qu’il y a friction, affrontement, entre deux milieux qui se rencontrent alors qu’ils sont par essence différents, qu’ils ont des lois différentes.
La créativité en peinture répond-elle au même processus ? Elle a mené Jean-Luc LECORNU, au cours de sa longue évolution les pinceaux à la main, d’une peinture abstraite qui - sans avoir été, à proprement parler et par définition, ni figurative ni représentative - se reconnaissait néanmoins « décorative » : Elle utilisait formes, directions, recherche d’aboutissement, suggestions.
À ces options Jean-Luc LECORNU substitue aujourd’hui une biologie artistique plus intérieure, plus sentie. Le maître-mot y serait la recherche du lâcher-prise, l’outil principal devient l’approche de son propre inconscient, l’assurance avérée cède la place à la confiance en l’inconnu. Le no man’s land entre soi et soi-même devient la palette favorite.
Vers l’état de grâce ?
Il n’y a dans l’œuvre de Jean-Luc LECORNU ni avant ni après, mais un continuum. S’il navigue entre deux tendances, ce n’est pas pour séparer, mais pour réunir.
Dans tout art il s’agit un jour d’oublier la technique pour arriver à l’expression libre, lâchée. C’est là que peut-être se terre le talent. C’est de l’émotion qu’on pose sur la toile, nous dit Jean-Luc. Si les chevaux de l’inconscient ne sont pas lâchés, ils tournent dans leur manège : la forme alors apparait, rassurante mais peu fertile, évocatrice mais peureuse du grand saut. Terra incognita de l’âme ? Abstraction intégrale ? Non-dit, puisqu’aux portes de l’indicible ?
Et l’accident ?
Parfois l’inconscient crée la catastrophe, l’accident, le coup de pinceau de trop. C’est cela qu’il faut parfois savoir utiliser, nous dit Jean-Luc, rebondir sur l’accidentel.
Saisir la faille entre raison et pulsion, entre recherche et surgissement, le plan et la surprise. Sans pouvoir assimiler cela à une technique délibérée, c’est une porte à laisser ouverte. Avec prudence et attention.
jean-pierre vaissaire
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