La Raze, décembre 2008.
La première fois que je rencontre Christiane Singer c’est à Marseille, dans un appartement du premier étage d’une rue bruyante, non loin de la Canebière.
Soirée. Lumière douce, tout le monde est en avance, attend la conférencière, assemblée hétéroclite, un peu snob me semble-t-il (ce mot existe-t-il encore ?) les conversations sont convenues, prudentes ou hésitantes, les esprits papillonnent, personne ne se possède. Pour un peu le ton serait mondain.
Entrée de la Dame de Rastenberg.
On s’assied. Christiane dit deux ou trois phrases de bienvenue ou d’excuse, laisse le silence s’arrondir, prendre corps, présence.
Elle n’a encore rien dit que mon monde intérieur a basculé, s’ouvre, se retrouve uni vers, vers quoi ? (quelques années plus tard je saurai que Christiane n’est pas toujours « celle qui répond aux questions » - elle est souvent celle qui n’y répond pas, celle qui laisse génialement, initiatiquement les questions sans réponse, tremplin pour chacun vers sa propre découverte et évitement de coller des réponses non personnelles et non vécues à des questions uniques).
Avec la grande habitude qu’elle a probablement du silence, Christiane scrute chacun, l’un après l’autre, non pour le dépouiller ni le mettre à nu mais pour s’offrir, elle, à ce qui vient, à ce qui va se dire, dont elle ne sait d’avance, je le comprends alors, pas le moindre bout de phrase, dont elle n’a pas la moindre ébauche d’idée. Elle s’offre, lumière et transparence.
Ce qu’elle dit ce soir-là, les mots prononcés, les idées assemblées, les images proposées, je l’ai oublié dès que j’ai remis le pied dans la rue. Je n’ai retenu de cette soirée que ce qui n’a ni forme ni contenu. La transparence. Le silence entre les mots. Quel goût ! Quelle saveur !... et je me tais.
Le monde est transparent.
Nous le croyons réel, il n’est que la projection de nos craintes et de nos désirs. Les monde est deux-en-un, l’invisible est autant présent que le visible, et plus nous proclamons la réalité plus nous nous rendons aveugles à ce que Christiane nomme le Réel.
- Nous sommes des voyageurs des deux mondes, dit-elle souvent. Et n’a de cesse que de tendre un pont, jeter une passerelle, si légère, si éphémère soit-elle, entre les deux rives. Faire passer. Tendre la main. Aider. Rassurer, encourager, permettre.
Sa parole, en deux phrases, a le don de me recentrer plus efficacement qu’une demi-heure de zazen appliqué. Je fréquente longtemps son séminaire d’été en Autriche. C’est le lieu simple du sens retrouvé. Croit-on encore aujourd’hui que la vie ait un sens ? Ou bien devant la débâcle généralisée de notre époque se contente-t-on de ne plus chercher, de ne plus croire, de consommer ce qui vient, ce qui est, le jour après la nuit et semaine après semaine, en fermant les yeux sur ce qui nous échappe ? Pis encore, se contente-t-on de vivre sans désirer, sans soif ardente ?
L’ardeur, oui ! La ferveur, le vouloir, l’engagement.
La faim vraie de vivre vrai.
Rien de surnaturel à ranimer cela qui habite chacun d’entre nous au plus profond. Plus qu’une éveilleuse peut-être, elle est une réveilleuse, une rappeleuse de sens dans le quotidien usé, trop usé, dont trop d’entre nous se contentent. A Francis, qui participe au séminaire et un jour revient, fort perturbé et ébranlé, d’une promenade en forêt, parce qu’il a eu l’impression, assis devant un mélèze, que celui-ci lui parlait au cœur le plus intime de son être, elle dira :
- Non tu ne deviens pas fou, tu viens jute de faire l’expérience du Réel. Et n’hésite pas à nommer une certitude ce que tu appelles prudemment une impression. »
Nous appartenons au Réel, la réalité nous appartient.
Il nous appartient de faire de notre quotidien une fête ou une misère, ce pouvoir-là est entre nos mains.
Mais au réel nous devons soumission et intelligence, acceptation et clairvoyance, attention et humilité.
A Rastenberg beaucoup arrivaient vaincus, repartaient debout. Vaincus d’eux-mêmes, de renoncement, de lassitude, des mille choses du trivial, dont la réalité invente chaque jour davantage de facettes et les polit, les agite dans la lumière, nous les fait miroiter jusqu’à nous transformer en avides convoiteurs, consommateurs, achète-sans-besoin. Debout, à l’heure du départ, d’avoir retrouvé sens et goût, et pour les plus heureux un peu de l’étincelle modeste de savoir mieux comment respirer au plus pur.
La clé du monde, en quelque sorte : le regard qu’on pose sur lui, la légèreté profonde avec laquelle on le respire.
Ainsi la vie serait une aventure ?
Et on ne nous aurait rien dit pour nous en prévenir ?
Nos professeurs, nos instituteurs, nos prêtres, nos gouvernants, nos idoles, nos footballeurs ou nos acteurs préférés, tout le monde se serait tu, complices ? Abusés eux-mêmes peut-être ? Nos parents ne nous auraient transmis qu’une enveloppe vide, question sans réponse, énigme sans solution ?
Et à y regarder de plus près ?
« S’immobiliser. Stopper la toupie verbale qui entraîne notre esprit dans sa giration obsessionnelle. Se taire passionnément. Et chaque fois qu’une association de pensées se faufile, s’immisce dans une fêlure de notre attention, la rejeter impitoyablement.
Ne rien faire, ne rien déranger. Dériver. (…)
Me traversent les crissements et les bruits, l’odeur de la terre. (…)
Soudaineté de la perfection.
Ou allais-je chercher l’aventure ? »
( Les âges de la vie, p.25)
Premiers pas. Même s’ils sont accomplis pour la millième fois ce sera toujours les premiers. Fermer les yeux, laisser être ce qui est. Suspendre le cours des évènements. (ou plus exactement suspendre la représentation qu’on s’en fait sans cesse). La méditation est archi millénaire, et sur le chemin nul ne fait l’économie de cette apesanteur.
Quelle merveille, le corps humain. Quelle merveille l’esprit. Quelles merveilles la mémoire, la pensée rationnelle. Les sens. La danse. Le bonheur de vivre. Quelle merveille, oui, de pouvoir suspendre tout cela, TOUT CELA, et écouter ce qui reste quand on a tout ôté.
Qui reste-t-il quand il n’y a plus personne chez moi ?
Ainsi aurait-on une chance d’accéder au Réel en stoppant le flot de la réalité ?
Une chance.
Il en est mille autres, et Christiane n’impose aucune méthode, aucun chemin, fût-il assuré. Cette grande dame semble toujours préférer les sentes sauvages, les éboulis aux télésièges, les traverses aux autoroutes balisées. Une fois que vous aurez franchi le pas, traversé l’apparence du monde, une seule fois, quels que soient l’endroit, le temps et la manière, une fois suffit. Vous serez relié à jamais. Certain de n’avoir jamais été séparé. Ainsi aucune voie n’est préférable à aucune autre, vous pouvez traverser en regardant le monde dans le reflet d’une goutte de rosée, en lisant un poème, en vous perdant dans le regard aimé ou dans une forêt profonde. Tout est chemin.
La question semble-t-il n’est pas le chemin.
Elle est plutôt « Qui chemine ? »
Qui est celui que je suis, avec sa demande, ses aspirations, ses craintes, qu’est-il prêt à abandonner, où est-il prêt à s’engager vraiment…
Ainsi, aussi, Christiane nous propose-t-elle parfois d’année en année, de repasser par les mêmes exercices, exactement les mêmes, au geste près : les distraits se lasseront, quand c’est en fait un cadeau royal : évoquer ce qui change au milieu de ce qui reste, ce qui reste au milieu de ce qui change.
Refaire, sans répéter. Redire, sans radoter. Chaque seconde est neuve.
Christiane Singer vient de Marseille où elle est née, en pleine guerre, de parents austro-hongrois. Etudes littéraires, Aix-en-Provence. Elle est jeune et belle, elle commence à écrire. Arrive l’homme de sa vie, le beau Giorgio. Il l’emmènera en Autriche, dans son château. « Forteresse glaciale, sombre, inhospitalière. » ( Rastenberg 1996)
De la Provence à la Bohème, de la mer au granit. L’opacité de la pierre massive s’allie-t-elle facilement à la transparence ? Le poids à la légèreté ? Les murs si épais, voit-elle au travers ? Fallait-il cela, cet écrasement, pour apprendre la liberté, découvrir la lumière du monde ? Giorgio, architecte, lui dessine les plans de sa Lichtung (clairière) à usage de zendo, où elle tient son séminaire, édifiée en pleine forêt de mélèzes, alliance de l’or et de l’émeraude, de la force et de la délicatesse, du ciel et de la terre. Des entrailles et des éthers qu’elle ne cessera de vouloir relier mais de garder distincts.
A Rastenberg Christiane devient la passeuse qu’elle a toujours rêvé d’être. Celle qui relie les deux mondes – qui n’ont au demeurant jamais été séparés que dans la perception humaine, à trop voir celui d’en bas, et trop ignorer celui d’en haut – celle qui transmet, qui unit ce qui est (semble) séparé. Celle par qui le lien se tisse, se tend, existe. Elle est la plage où la mer encontre la terre, ou plus précisément cette étroite bande de sable tour à tour noyée et asséchée, lieu d’aucune vérité – et des deux à la fois. Elle est le sommet où le roc encontre le ciel, ou plutôt ce grain, minéral et céleste, de folie qui s’y accroche, lieu de rien, lieu du Tout. Où se frottent les mondes est la vie vraie, fructueuse, profitable.
Ou le féminin fait face au masculin nait le sourire de Dieu (dont elle parle rarement mais volontiers, ami proche, évidence, horizon jamais atteint) : dans la difficulté certes, mais dans le foisonnement fertile.
De la Provence à la Bohème elle apparaît, disparait, fréquente, rare. Elle est une eau vive, on ne la suit que pour la perdre. « Le paradoxe est le nerf du réel ».
Il y a du bonheur à fréquenter cette femme. Du bonheur simple, vrai, qui monte en vague, en marée, un apaisement, comme un rappel d’un temps antérieur, intérieur, où tout allait, fort, puissant, fougueux, où la vie dansait sa sarabande tirée par un couple de chevaux de feu, sans bride ni mors. Il y a du bonheur.
Puis : une avalanche de questions :
- sur le sens de la vie :
La vie nous casse nos idéologies au fur et à mesure de notre avancée, les bonnes comme les mauvaises.
La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.
Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens, et déborde de sens, inonde tout.
Elle fait mal aussi longtemps qu’on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.
Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle est le sens.
(Où cours-tu ? p.50)
- sur l’homme et la femme :
Qu’est-ce qui relie l’homme à la femme, la femme à l’homme ?
Je crois qu’à l’origine tout les sépare. On n’ose pas assez dire la radicale différence de leur être. (…)
« Hommes et femmes, destins inextricables, arbres encroués aux couronnes mêlées, qui vous séparerait ? (…)
Séparés ? Eh bien peu importe ! Retourne le sablier ! N’est-ce pas toujours le même sable qui coule ? L’amour est douce qui enferme en une seule arabesque l’homme et la femme. L’amour est douce, qui réconcilie l’irréconciliable, lie ce que les dieux jaloux séparent. Elle est belle la petite seconde d’éternité où les oiseaux de la nuit en rejoignant leurs nichoirs frôlent les oiseaux du jour qui s’éveillent… Elle est belle, la petite seconde où la mort qui arrive, boit la vie qui s’en va sur les lèvres du moribond. Elles sont belles les rencontres furtives de l’homme et de la femme, elles sont belles et terribles. »
(Où cours-tu ? p.56)
- sur l’amour :
Ce qui vaut à l’amour de n’être en cette fin de millénaire qu’un paysage de ruines, c’est qu’il appartient au tremendum – à l’effroi. Si notre civilisation s’est acharnée avec tant de fureur à le détruire, c’est qu’il est impossible à intégrer, c’est qu’il appartient par essence à l’ordre sauvage. A l’ordre sacré.
(Où cours-tu ? p.57)
L’amour met directement en contact avec l’être réalisé qui habite cette personne que j’ai choisie, cet amant, cette amante.(…)
Cette percée directe, à travers les apparences, ce que l’amour me permet de voir, c’est l’accomplissement de ce qui est en devenir, une sorte d’avance sans versement d’intérêts, une sorte d’acompte sur l’héritage de lumière de celui que j’aime.
(Où cours-tu ? p. 136)
- sur l’ombre :
Il existe un passage forcé par l’ombre, par la mort de nos représentations. Cette jeune femme, victime d’inceste dans l’enfance, qui crut mourir en nous confiant son secret noir : elle partait chaque premier de l’an, seule sur la plage, et enfonçait le couteau qu’elle apportait, caché sous sa chemise, dans le sable. En nous livrant son secret de détresse, elle obtint enfin l’amour qu’elle croyait perdre par cet aveu – et son propre pardon.
(Où cours-tu ? p.75)
- sur le corps :
Une âsana, une posture parfaite, peut aussi, lorsque nous la vivons dans le paradoxe de son immobilité vibrante, manifester cet ordre amoureux, nous le faire sentir au niveau du corps. Lorsque le chevalet du violon est déplacé d’un millimètre, le son en est cassé ; de même, dans l’ordre du corps, lorsque l’empilement vertébral se vit dans sa perfection, dans sa tension et dans sa détente maximale, il engendre cette sensation d’ordre amoureux, d’ordre parfait. Il y a dans le corps une sensation aussi fugitive que l’éclair qui nous met debout, tendu et frémissant, à en mourir presque, comme l’est la corde du violon dans la fulgurante évidence : un instant de cette divinité. Dans la parfaite ordonnance des vertèbres, des tendons, des nerfs, se reflète un instant l’ordre du cosmos, cet ordre amoureux.
Le corps est cette œuvre d’un grand luthier qui aspire à la caresse de l’archet.
(Ou cours-tu ? p.130)
De tous les mystères que j’ai rencontrés sur terre, le corps est le plus grand. Rien qui ne soit plus menacé, plus soumis aux lois de la destruction, de l’entropie et de la déchéance. Rien qui ne soit plus à même de capter l’éternité, de se faire le détecteur du frôlement des dieux, de leurs allées et venues parmi les hommes.
(Les sept nuits de la reine, p.96)
- sur l’engagement :
La première de toutes les fidélités, nous la devons à la Vie qui est en nous. Cette fidélité-là, à certains moments cruciaux, peut ressembler, vue du dehors, à une infidélité.
Consciemment ou inconsciemment, n’avons-nous pas fait serment de ne jamais laisser s’embourber dans l’insignifiance cette vie qui nous a été transmise par le sacre de la naissance ?
Chaque fois que le danger rode de la perdre en futilités, en broutilles, chaque fois que l’anesthésie la gagne ou que l’asphyxie la plombe, comment ne pas réagir ? Comment ne pas courir ouvrir les portes et les vantaux ?
(Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies, p.86)
- sur la nuit :
Je me suis demandé quelle est cette force indécelable à l’œil et qui tient ensemble notre vie, qui, d’une multitude atomisée d’instants, parvient à faire une unité. De quelle nature est-il cet invisible mortier ?
Je crois le savoir désormais : c’est la nuit, la face cachée aux regards.
Tout ce qui a constitué nos vies et continue de le faire, les formes et les contours du monde manifesté, les espérances, les attentes, les séparations et les jubilations, tout trouve sa consistance ultime dans le formidable alambic de la nuit.
(Les sept nuits de la reine, p.9)
- sur la solitude :
Si nous étions la même personne, je ne pourrais pas te tenir la main, ni te caresser le front, ni te donner à boire. C’est par miséricorde que Dieu ne nous a pas donné un seul corps pour nous deux. Il nous en a donné deux pour que je puisse te porter, te serrer dans mes bras et t’embrasser. Chacun a son chemin, même si tous les chemins pour finir se rejoignent. Et c’est parce que je t’aime, Aurélio, que je te laisse avancer seul.
(Les sept nuits de la reine, p. 143)
- sur l’identification :
Eh bien voilà ; il n’est que de laisser couler à travers nous ces jeux de la lumière divine. Ils nous traversent, se brisent en réfractions multiples, en scintillements innombrables mais entendez-moi bien : dans ce lieu traversé, personne ne se tient !
Ni vous, ni moi, ni personne ! Et quand je dis personne, ne croyez pas que j’exagère. Il n’y a véritablement personne à qui cela arrive. J’ai suivi ces jeux de miroitements que nous appelons nos vies.
Quel étonnant spectacle !
Ce que j’ai vu m’a rendu libre et joyeux.
Le plus souvent, au lieu de jouir de ce que la vie veuille jouer avec nous, au lieu de lui présenter nos friselis, l’ondulation de notre vague pour qu’elle en fasse chatoyer la surface, nous nous mettons à croire que cela nous le sommes vraiment et devenons les captifs d’un mirage. L’engrenage de la souffrance nous saisit alors.
Sur celui qui a cessé de se prendre pour lui-même, la souffrance n’a plus prise. Etrangement, il n’y a, lorsque cette réalité s’est installée, aucun renoncement à accomplir, aucun sacrifice à faire – c’est tout le contraire : quand plus personne ne revendique ce qui arrive, il n’y a que délivrance. Il n’y a qu’expérience radieuse et contemplation.
(Seul ce qui brûle, p.137)
- en guise de viatique ( ?)
Ce qui fait la royauté de notre aventure, c’est l’élan qui nous habite, le désir qui nous porte et nous brûle. N’espérons pas réussir pour de bon !
C’est parce qu’il aimait tant son serviteur, Moïse, (…) que dieu ne l’a pas fait entrer en Terre promise, lui laissant à jamais la meilleure part : l’ardent chemin qui mène vers …
(Où cours-tu ? p.174)
Elle est venue, elle est partie.
Elle voulait se fondre jusqu’à ne laisser aucun sillage.
- Jusqu’où porteront nos voix sans la sienne ?
Jean-Pierre VAISSAIRE, décembre 2008
(Jean-Pierre VAISSAIRE a publié :
Aux Editions du Rocher : Le jardin de sérénité, journal d’un méditant
Aux Editions Plon : L’île du Ponant, récit d’enfance
Aux Editions Parole: Chaconne (d’après JS Bach) )
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