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  • : Le blog de jeanpierrevaissaire
  • : écriture - méditation - humanité - Loire - aventure - chauffage solaire - recherche intérieure -
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  • jeanpierrevaissaire
  • Cambrioleur à 12ans, maçon à 17, marchand de crêpes, éleveur de volailles, méditant dans les Alpes, Artisan-menuisier, Rebirth-thérapeute, sa vie libre est une succession de fugues. Il échappe ainsi à l'armée, au mariage, à la télévision
  • Cambrioleur à 12ans, maçon à 17, marchand de crêpes, éleveur de volailles, méditant dans les Alpes, Artisan-menuisier, Rebirth-thérapeute, sa vie libre est une succession de fugues. Il échappe ainsi à l'armée, au mariage, à la télévision

Traduction en anglais http://fp.reverso.net/jeanpierrevaissaire-over-blog/5174/en/index.html

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 15:21
 
Je n'ai pas le temps, tu n'as pas le temps, il n'a . . .

 

 

 

  Un jour, un vieux professeur de l'École Nationale d'Administration
 Publique (ENAP) fut engagé pour donner une formation sur la
 planification efficace de son temps à un groupe d'une quinzaine de
 dirigeants de grosses compagnies nord-américaines.
 
    Ce cours constituait l'un des 5 ateliers de leur journée de
 formation. Le vieux prof n'avait donc qu'une heure pour "faire
 passer sa matière".
 
    Debout, devant ce groupe d'élite (qui était prêt à noter tout
 ce que l'expert allait lui enseigner), le vieux prof les regarda
 un par un, lentement, puis leur dit : "Nous allons réaliser une
 expérience".
 
    De dessous la table qui le séparait de ses élèves, le vieux prof
 sortit un immense pot de verre de plus de 4 litres qu'il posa
 délicatement en face de lui. Ensuite, il sortit environ une douzaine
 de cailloux à peu près gros comme des balles de tennis et les plaça
 délicatement, un par un, dans le grand pot. Lorsque le pot fut
 rempli jusqu'au bord et qu'il fut impossible d'y ajouter un caillou
 de plus, il leva lentement les yeux vers ses élèves et leur demanda :
 
   "Est-ce que ce pot est plein ?".
 
   Tous répondirent : "Oui".
 
   Il attendit quelques secondes et ajouta : "Vraiment ?".
 
   Alors, il se pencha de nouveau et sortit de sous la table un
 récipient rempli de gravier. Avec minutie, il versa ce gravier sur
 les gros cailloux puis brassa légèrement le pot. Les morceaux de
 gravier s'infiltrèrent entre les cailloux... jusqu'au fond du pot.
 
   Le vieux prof leva à nouveau les yeux vers son auditoire et
 réitéra sa question  :
 
   "Est-ce que ce pot est plein ?". Cette fois, ses brillants élèves
 commençaient à comprendre son manège.
 
   L'un d'eux répondît : "Probablement pas !".
 
   "Bien !" répondît le vieux prof.
 
   Il se pencha de nouveau et cette fois, sortit de sous la table
 un sac de sable. Avec attention, il versa le sable dans le pot.
 Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le
 gravier. Encore une fois, il redemanda : "Est-ce que ce pot
 est plein ?".
 
   Cette fois, sans hésiter et en choeur, les brillants élèves
 répondirent :
 
   "Non !".
 
   "Bien !" répondit le vieux prof.
 
   Et comme s'y attendaient ses prestigieux élèves, il prit le
 pichet d'eau qui était sur la table et remplit le pot jusqu'à ras
 bord. Le vieux prof leva alors les yeux vers son groupe et demanda :
 
   "Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ?"
 
   Pas fou, le plus audacieux des élèves, songeant au sujet de ce
 cours, répondit : "Cela démontre que même lorsque l'on croit que
 notre agenda est complètement rempli, si on le veut vraiment,
 on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de choses à faire".
 
   "Non" répondît le vieux prof. "Ce n'est pas cela. La grande
 vérité que nous démontre cette expérience est la suivante :
 
    "Si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot,
 on ne pourra jamais les faire entrer tous, ensuite".
 
   Il y eut un profond silence, chacun prenant conscience de
 l'évidence de ces propos.
 
   Le vieux prof leur dit alors : "Quels sont les gros cailloux
 dans votre vie ?"
 
   "Votre santé ?"
 
   "Votre famille ?"
 
   "Vos ami(e)s ?"
 
   "Réaliser vos rêves ?"
 
   "Faire ce que vous aimez ?"
 
   "Apprendre ?"
 
   "Défendre une cause ?"
 
   "Vous relaxer ?"
 
   "Prendre le temps... ?"
 
   "Ou... tout autre chose ?"
 
   "Ce qu'il faut retenir, c'est l'importance de mettre ses GROS
 CAILLOUX en premier dans sa vie, sinon on risque de ne pas
 réussir... sa vie. Si on donne priorité aux peccadilles (le gravier,
 le sable), on remplira sa vie de peccadilles et on n'aura plus
 suffisamment de temps précieux à consacrer aux éléments importants
 de sa vie.
 
   Alors, n'oubliez pas de vous poser à vous-même, cher lecteur, la
 question :
 
   "Quels sont les GROS CAILLOUX dans ma vie ?"
 
   Ensuite, mettez-les en premier dans votre pot (vie)"
 
   D'un geste amical de la main, le vieux professeur salua son
 auditoire et quitta lentement la salle.
 
   (c)2012 Christian Godefroy, Chesières
   Reproduction autorisée sans aucune modification
   du texte avec mention de l'origine :
   wwww.cpositif.com
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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 11:14

Amis,


C'est du fond de mon lit que je vous parle - et si je ne suis pas

en mesure de m’adresser à une grande assistance,

c'est à chacun de vous - à chacun de vous, que je parle

au creux de l’oreille.

Quelle émotion !

Quelle idée extraordinaire

 a eue Alain d’utiliser un moyen aussi simple, un téléphone,

pour me permettre d’être parmi vous. Merci à lui.

Merci à vous, Alain et Evelyne, pour cette longue et profonde amitié –

et pour toutes ces années de persévérance.


Des grandes initiatives, comme c'est facile d'en avoir !

Mais être capable de les faire durer - durer - ah, ça c'est

une autre aventure !

Maintenant ces quelques mots

que je vous adresse. J’ai toujours partagé tout ce que je vivais ;

toute mon œuvre, toute mon écriture était un partage de

mon expérience de vie. Faire de la vie un haut lieu

d’expérimentation. Si le secret existe, le privé lui n’a jamais existé ;

c'est une invention contemporaine pour échapper à la responsabilité,

à la conscience que chaque geste nous engage.


Alors ce dont je veux vous parler c’est tout simplement

de ce que je viens de vivre. Ma dernière aventure.

Deux mois d’une vertigineuse et assez déchirante descente

et traversée. Avec surtout le mystère de la souffrance.

J’ai encore beaucoup de peine à en parler de sang froid.

Je veux seulement l’évoquer. Parce que c’est cette souffrance

qui m’a abrasée, qui m’a rabotée jusqu’à la transparence.

Calcinée jusqu’à la dernière cellule.

 Et c’est peut-être grâce à cela que j’ai été jetée

pour finir dans l’inconcevable.

Il y a eu une nuit surtout où j’ai dérivé dans un espace inconnu.

Ce qui est bouleversant c’est que quand tout est détruit,

quand il n’y a plus rien, mais vraiment plus rien, il n’y a pas la mort

et le vide comme on le croirait, pas du tout. Je vous le jure.


Quand il n’y a plus rien, il n’y a que l’Amour.

Il n’y a plus que l’Amour.

Tous les barrages craquent.

C’est la noyade, c’est l’immersion.

 L’amour n’est pas un sentiment. C'est la substance même de la création.

Et c’est pour en témoigner finalement que j’en sors

parce qu’il faut sortir pour en parler. Comme le nageur qui émerge

 de l’océan et ruisselle encore de cette eau !

C’est un peu dans cet état d’amphibie que je m’adresse à vous.

On ne peut pas à la fois demeurer dans cet état,

dans cette unité où toute séparation est abolie et retourner

pour en témoigner parmi ses frères humains. Il faut choisir.


Et je crois que, tout de même, ma vocation profonde,

tant que je le peux encore - et l’invitation que m’a faite Alain

l’a réveillée au plus profond de moi-même, ma vocation profonde

est de retourner parmi mes frères humains.

Je croyais jusqu’alors que l’amour était reliance,

qu’il nous reliait les uns aux autres. Mais cela va beaucoup plus loin !

Nous n’avons pas même à être reliés : nous sommes à l’intérieur

les uns des autres. C’est cela le mystère.

C’est cela le plus grand vertige. Au fond je viens seulement

vous apporter cette bonne nouvelle :

de l’autre côté du pire t’attend l’Amour. Il n’y a en vérité rien à craindre.

Oui, c’est la bonne nouvelle que je vous apporte.

Et puis, il y a autre chose encore. Avec cette capacité d’aimer –

qui s’est agrandie vertigineusement - a grandi la capacité

d’accueillir l’amour, cet amour que j’ai accueilli,

que j’ai recueilli de tous mes proches, de mes amis,

de tous les êtres que, depuis une vingtaine d’années,

j’accompagne et qui m’accompagnent - parce qu’ils m’ont

certainement plus fait grandir que je ne les ai fait grandir.

Et subitement toute cette foule amoureuse, toute cette foule

d’êtres qui vous portent ! Il faut partir en agonie,

il faut être abattu comme un arbre pour libérer

autour de soi une puissance d’amour pareille.

Une vague. Une vague immense.


Tous ont osé aimer, sont entrés dans cette audace d’amour.

En somme, il a fallu que la foudre me frappe pour que tous

autour de moi enfin se mettent debout et osent aimer.

Debout dans le courage et dans leur beauté.

Oser aimer du seul amour qui mérite ce nom et du seul amour

dont la mesure soit acceptable : l’amour exagéré.

L’amour démesuré.

L’amour immodéré.


Alors, amis, entendez ces mots que je vous dis là

comme un grand appel à être vivants,

à être dans la joie et à aimer immodérément.

Tout est mystère.


Ma voix va maintenant lentement se taire à votre oreille ;

vous me rencontrerez peut-être ces jours errant dans les couloirs

car j’ai de la peine à me séparer de vous.

La main sur le cœur, je m’incline devant chacun de vous.

Christiane Singer.

 

 

 

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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 14:09

 

Aimer ?

 

 

 

L’homme n’est beau que quand il aime.


Petit homme, si tu veux grandir, si tu veux avoir une chance un jour d’atteindre ta vraie beauté, il faut te lancer dans l’amour. Ceci ne signifie pas désirer être aimé.


Ça signifie : se lancer dans l’aventure d’aimer.


Ce n’est pas une entreprise très facile.


Il faut accepter de tout perdre. Personne n’a envie de tout perdre. Surtout pour quelque chose d’aussi fugace que la beauté.


Mais il y a l’aventure aussi. Une voix obscure, du fond du ventre, qui monte et qui te souffle  « vas-y ! ». Et c’est là que tout commence.


Parce qu’on le refuse.


On refuse d’y aller, bien sûr.


Qui a envie d’avoir la plus grande peur de sa vie ? Ça prend là, et puis là, ça  serre, ça oppresse, empêche de respirer,  me fait sentir tellement minable !


Le  Grand Saut ?


Le Grand Saut ça se déclenche un jour,  tu ne sais pas comment,  une hormone peut-être,  la grandsautamine,  secrétée par une glande déréglée, échevelée, aliénée, qui n’a rien compris des contingences et des frontières de la vie sérieuse…


… et qui te murmure à l’oreille . . . rien qu’un mot


 

confiance


 

On n’est jamais si beau que quand on aime.


Nulle recette. Nulle méthode. L’amour en huit leçons, ou en vingt-sept, n’existe pas.


Une suffit.         Confiance.


Tu te retrouves juste tout nu, face à la grande lumière. Tu sais bien la grande lumière,  celle à qui on a donné tant de noms ?

 


Et là, plus rien à cacher.


Plus rien à taire.


Plus rien à dire.


La lumière te traverse, comme si tu étais transparent.


Comme s’il  n’y avait que cela : la lumière, et la transparence. Et toute ta vie, soudain, se résume à cela :  transparence.


Il n’est pas si difficile d’envisager de tout perdre quand on comprend qu’on n’a jamais rien acquis, jamais rien possédé, jamais rien engrangé. Que tout cela était une illusion, un brouillard : le consensus en cours entre humains, nécessaire probablement, les règles du pauvre petit jeu que nous jouons tous.


Pas si difficile. Dans ce jeu chacun arrête sa partie où il veut.


Ou change les règles du jeu à son seul désir.


On n’a perdu que quand on a cessé d’aimer.

 

 

jpv

 

 

 

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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 18:36

 

 

 

 

 

Jean-Luc LECORNU,  peintre varois 

                                           

 

                                            « La fatigue des sens crée. Le vide crée. Les                                               ténèbres créent. Le silence crée. L’incident                                               crée. Tout crée, excepté celui qui signe et                                                      endosse l’œuvre. » 

                                                                                Paul Valéry

 

 

 

Le peintre d’un no man’s land ?

 

       On dit en biologie que la vie se développe d’autant plus qu’il y a friction, affrontement, entre deux milieux qui se rencontrent  alors qu’ils sont par essence  différents, qu’ils ont des lois différentes.

         La créativité en peinture répond-elle au même processus ?  Elle a mené  Jean-Luc  LECORNU, au cours de sa longue évolution les pinceaux à la main, d’une peinture abstraite qui  -  sans avoir été, à proprement parler et par définition,  ni figurative ni représentative  -   se reconnaissait néanmoins « décorative » :  Elle  utilisait formes, directions, recherche d’aboutissement, suggestions. 

          À   ces options  Jean-Luc LECORNU  substitue  aujourd’hui une biologie artistique plus intérieure, plus sentie.  Le maître-mot y serait la recherche du lâcher-prise, l’outil principal devient l’approche de son propre inconscient, l’assurance avérée cède la place à la confiance en l’inconnu.  Le no man’s land entre soi et soi-même devient la palette favorite.

 

 

 

 

 

Vers l’état de grâce ?

 

       Il n’y a dans l’œuvre de   Jean-Luc LECORNU  ni avant ni après, mais un continuum.  S’il navigue entre deux tendances, ce n’est pas pour séparer, mais pour réunir.

         Dans tout art il s’agit un jour d’oublier la technique pour arriver à l’expression libre, lâchée.  C’est là que peut-être se terre le talent.  C’est de l’émotion qu’on pose sur la toile, nous dit Jean-Luc.  Si les chevaux de l’inconscient ne sont pas lâchés, ils tournent dans leur manège : la forme alors apparait, rassurante mais peu fertile,  évocatrice mais peureuse du grand saut.  Terra incognita  de l’âme ?  Abstraction intégrale ?  Non-dit, puisqu’aux portes de l’indicible ?

 

 

Et l’accident ?

         Parfois l’inconscient crée la catastrophe, l’accident, le coup de pinceau de trop.  C’est cela qu’il faut parfois savoir utiliser, nous dit Jean-Luc, rebondir sur l’accidentel. 

         Saisir la faille entre raison et pulsion, entre recherche et surgissement,  le plan et la surprise. Sans pouvoir assimiler cela à une technique délibérée,  c’est une porte à laisser ouverte.  Avec prudence et attention.

 

                                                                   jean-pierre vaissaire

 

 

 

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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 17:59

 

La Raze, décembre 2008.

 

 

        La première fois que je rencontre Christiane Singer c’est à Marseille, dans un appartement du premier étage d’une rue bruyante, non loin de la Canebière.

 

        Soirée. Lumière douce, tout le monde est en avance, attend la conférencière, assemblée hétéroclite, un peu snob me semble-t-il (ce mot existe-t-il encore ?) les conversations sont convenues, prudentes ou hésitantes, les esprits papillonnent, personne ne se possède. Pour un peu le ton serait mondain.

 

        Entrée de la Dame de Rastenberg.

 

        On s’assied. Christiane dit deux ou trois phrases de bienvenue ou d’excuse, laisse le silence s’arrondir, prendre corps, présence.

 

        Elle n’a encore rien dit que mon monde intérieur a basculé,  s’ouvre, se retrouve uni vers, vers quoi ? (quelques années plus tard je saurai que Christiane n’est pas toujours « celle qui répond aux questions »  -  elle est souvent celle qui n’y répond pas, celle qui laisse génialement, initiatiquement les questions sans réponse, tremplin pour chacun vers sa propre découverte et évitement de coller des réponses non personnelles et non vécues à des questions uniques). 

 

        Avec la grande habitude qu’elle a probablement du silence, Christiane scrute chacun, l’un après l’autre, non pour le dépouiller ni le mettre à nu mais pour s’offrir, elle, à ce qui vient, à ce qui va se dire, dont elle ne sait d’avance, je le comprends alors, pas le moindre bout de phrase, dont elle n’a pas la moindre ébauche d’idée. Elle s’offre, lumière et transparence.

 

        Ce qu’elle dit ce soir-là, les mots prononcés, les idées assemblées, les images proposées, je l’ai oublié dès que j’ai remis le pied dans la rue. Je n’ai retenu de cette soirée que ce qui n’a ni forme ni contenu. La transparence. Le silence entre les mots. Quel goût ! Quelle saveur !... et je me tais.

 

 

        Le monde est transparent.

        Nous le croyons réel, il n’est que la projection de nos craintes et de nos désirs. Les monde est deux-en-un, l’invisible est autant présent que le visible,  et plus nous proclamons la réalité plus nous nous rendons aveugles à ce que Christiane  nomme le Réel.


        - Nous sommes des voyageurs des deux mondes, dit-elle souvent. Et n’a de cesse que de tendre un pont, jeter une passerelle, si légère, si éphémère soit-elle, entre les deux rives. Faire passer. Tendre la main. Aider. Rassurer, encourager, permettre.

        Sa parole, en deux phrases, a le don de me recentrer plus efficacement qu’une demi-heure de zazen appliqué. Je fréquente longtemps son séminaire d’été en Autriche. C’est le lieu simple du sens retrouvé. Croit-on encore aujourd’hui que la vie ait un sens ? Ou bien devant la débâcle généralisée de notre époque se contente-t-on de ne plus chercher, de ne plus croire, de consommer ce qui vient, ce qui est, le jour après la nuit et semaine après semaine, en fermant les yeux sur ce qui nous échappe ? Pis encore, se contente-t-on de vivre sans désirer, sans soif ardente ?

 

        L’ardeur, oui ! La ferveur, le vouloir, l’engagement.

                La faim vraie de vivre vrai.

                Rien de surnaturel à ranimer cela qui habite chacun d’entre nous au plus profond. Plus qu’une éveilleuse peut-être, elle est une veilleuse, une rappeleuse de sens dans le quotidien usé, trop usé, dont trop d’entre nous se contentent. A Francis, qui participe au séminaire et un jour revient, fort perturbé et ébranlé, d’une promenade en forêt, parce qu’il a eu l’impression, assis devant un mélèze, que celui-ci lui parlait au cœur le plus intime de son être, elle dira :

               - Non tu ne deviens pas fou, tu viens jute de faire l’expérience du Réel. Et n’hésite pas à nommer une certitude ce que tu appelles prudemment une impression. »

 

 

        Nous appartenons au Réel, la réalité nous appartient.

        Il nous appartient de faire de notre quotidien une fête ou une misère, ce pouvoir-là est entre nos mains.

Mais au réel nous devons soumission et intelligence, acceptation et clairvoyance, attention et humilité.

        A Rastenberg beaucoup arrivaient vaincus, repartaient debout. Vaincus d’eux-mêmes, de renoncement, de lassitude, des mille choses du trivial, dont la réalité invente chaque jour davantage de facettes et les polit, les agite dans la lumière, nous les fait miroiter jusqu’à nous transformer en avides convoiteurs, consommateurs, achète-sans-besoin. Debout, à l’heure du départ, d’avoir retrouvé sens et goût, et pour les plus heureux un peu de l’étincelle modeste de savoir mieux comment respirer au plus pur.

        La clé du monde, en quelque sorte : le regard qu’on pose sur lui, la légèreté profonde avec laquelle on le respire.

 

 

        Ainsi la vie serait une aventure ?

        Et on ne nous aurait rien dit pour nous en prévenir ?

                Nos professeurs, nos instituteurs,  nos prêtres, nos gouvernants, nos idoles, nos footballeurs ou nos acteurs préférés, tout le monde se serait tu, complices ? Abusés eux-mêmes peut-être ? Nos parents ne nous auraient transmis qu’une enveloppe vide, question sans réponse, énigme sans solution ?

        Et à y regarder de plus près ?


 

                  « S’immobiliser. Stopper la toupie verbale qui entraîne notre esprit dans sa giration                         obsessionnelle. Se taire passionnément.  Et  chaque fois qu’une association de pensées      se faufile, s’immisce dans une fêlure de notre  attention, la  rejeter impitoyablement.

                        Ne rien faire, ne rien déranger. Dériver. (…)

                        Me traversent les crissements et les bruits,  l’odeur de la terre. (…)

                        Soudaineté de la perfection.

                        Ou allais-je chercher l’aventure ? »

                        ( Les âges de la vie, p.25)

 


 

        Premiers pas. Même s’ils sont accomplis pour la millième fois ce sera toujours les premiers. Fermer les yeux, laisser être ce qui est. Suspendre le cours des évènements. (ou plus exactement suspendre la représentation qu’on s’en fait sans cesse). La méditation est archi millénaire, et sur le chemin nul ne fait l’économie de cette apesanteur.

         Quelle merveille, le corps humain. Quelle merveille l’esprit. Quelles merveilles la mémoire, la pensée rationnelle. Les sens. La danse. Le bonheur de vivre. Quelle merveille, oui, de pouvoir suspendre tout cela, TOUT CELA, et écouter ce qui reste quand on a tout ôté.

       

                Qui reste-t-il quand il n’y a plus personne chez moi ?

 

 

         Ainsi aurait-on une chance d’accéder au Réel en stoppant le flot de la réalité ?

        Une chance.

        Il en est mille autres, et Christiane n’impose aucune méthode, aucun chemin, fût-il assuré. Cette grande dame semble toujours préférer les sentes sauvages, les éboulis aux télésièges, les traverses aux autoroutes balisées. Une fois que vous aurez franchi le pas, traversé l’apparence du monde,  une seule fois, quels que soient l’endroit, le temps et la manière, une fois suffit. Vous serez relié à jamais. Certain de n’avoir jamais été séparé. Ainsi aucune voie n’est préférable à aucune autre,  vous pouvez traverser en regardant le monde dans le reflet  d’une goutte de rosée, en lisant un poème, en vous perdant dans le regard aimé ou dans une forêt profonde. Tout est chemin.

 

        La question semble-t-il n’est pas le chemin.

 

         Elle est plutôt  « Qui chemine ? »

         Qui est celui que je suis, avec sa demande, ses aspirations, ses craintes, qu’est-il prêt à abandonner, où est-il prêt à s’engager vraiment…

        Ainsi, aussi, Christiane nous propose-t-elle parfois d’année en année, de repasser par les mêmes exercices, exactement les mêmes, au geste près : les distraits se lasseront, quand  c’est en fait un cadeau royal : évoquer ce qui change au milieu de ce qui reste, ce qui reste au milieu de ce qui change.

        Refaire, sans répéter. Redire, sans radoter. Chaque seconde est neuve.

 

 

 

        Christiane Singer vient de Marseille où elle est née, en pleine guerre, de parents austro-hongrois.  Etudes littéraires, Aix-en-Provence. Elle est jeune et belle, elle commence à écrire.  Arrive l’homme de sa vie, le beau Giorgio. Il l’emmènera en Autriche, dans son château. « Forteresse glaciale, sombre, inhospitalière. » ( Rastenberg  1996) 

        De la Provence à la Bohème, de la mer au granit. L’opacité de la pierre massive s’allie-t-elle facilement à la transparence ? Le poids à la légèreté ? Les murs si épais, voit-elle au travers ? Fallait-il cela, cet écrasement, pour apprendre la liberté, découvrir la lumière du monde ? Giorgio, architecte, lui dessine les plans de sa Lichtung (clairière) à usage de zendo, où elle tient son séminaire, édifiée en pleine forêt de mélèzes, alliance de l’or et de l’émeraude, de la force et de la délicatesse, du ciel et de la terre. Des entrailles et des éthers qu’elle ne cessera de vouloir relier mais de garder distincts.

        A Rastenberg Christiane devient la passeuse qu’elle a toujours rêvé d’être. Celle qui relie les deux mondes – qui n’ont au demeurant jamais été séparés que dans la perception humaine, à trop voir celui d’en bas, et trop ignorer celui d’en haut – celle qui transmet, qui unit ce qui est (semble) séparé. Celle par qui le lien se tisse, se tend, existe. Elle est la plage où la mer encontre la terre, ou plus précisément cette étroite bande de sable tour à tour noyée et asséchée, lieu d’aucune vérité – et des deux à la fois. Elle est le sommet où le roc encontre le ciel, ou plutôt ce grain, minéral et céleste, de folie qui s’y accroche, lieu de rien, lieu du Tout. Où se frottent les mondes est la vie vraie, fructueuse, profitable.

        Ou le féminin fait face au masculin nait le sourire de Dieu (dont elle parle rarement mais volontiers, ami proche, évidence, horizon jamais atteint) : dans la difficulté certes, mais dans le foisonnement fertile.

        De la Provence à la Bohème elle apparaît, disparait, fréquente, rare. Elle est une eau vive, on ne la suit que pour la perdre. « Le paradoxe est le nerf du réel ».

 

 

        Il y a du bonheur à fréquenter cette femme. Du bonheur simple, vrai, qui monte en vague, en marée, un apaisement, comme un rappel d’un temps antérieur, intérieur, où tout allait, fort, puissant, fougueux, où la vie dansait sa sarabande tirée par un couple de chevaux de feu, sans bride ni mors. Il y a du bonheur.

 

        Puis : une avalanche de questions :

 

         - sur le sens de la vie :


                   La vie nous casse nos idéologies au fur et à   mesure de notre avancée, les bonnes comme les  mauvaises.

                        La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens  obligatoire.

                        Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens, et déborde de sens, inonde tout.

                        Elle fait mal aussi longtemps qu’on veut lui  imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.

                        Si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle  est  le sens.

                        (Où cours-tu ?  p.50)


 

         - sur l’homme et la femme :


                   Qu’est-ce qui relie l’homme à la femme, la femme  à l’homme ?

                        Je crois qu’à l’origine tout les sépare. On n’ose pas assez dire la radicale différence de leur être.                 (…)

                        « Hommes et femmes, destins inextricables, arbres encroués aux couronnes mêlées, qui vous séparerait ?   (…)

                        Séparés ? Eh bien peu importe ! Retourne le  sablier ! N’est-ce pas   toujours le même sable qui coule ? L’amour est douce qui enferme en une  seule arabesque l’homme et la femme. L’amour est douce, qui réconcilie l’irréconciliable, lie ce que les dieux jaloux séparent. Elle est belle la petite               seconde d’éternité où les oiseaux de la nuit en rejoignant leurs nichoirs frôlent les oiseaux du                  jour qui s’éveillent… Elle est belle, la petite seconde où la mort qui arrive, boit la vie qui                         s’en va sur les lèvres du moribond.  Elles sont belles les rencontres furtives de l’homme et de la femme, elles sont belles et terribles. »

                        (Où cours-tu ? p.56)


 

         - sur l’amour :


                    Ce qui vaut à l’amour de n’être en cette fin de   millénaire qu’un paysage de ruines, c’est qu’il  appartient au tremendum – à l’effroi. Si notre civilisation s’est acharnée avec tant de fureur à le détruire, c’est qu’il est impossible à intégrer, c’est qu’il appartient par essence à l’ordre sauvage. A l’ordre sacré.

                        (Où cours-tu ? p.57)

 

                         L’amour met directement en contact avec l’être réalisé qui habite cette personne que j’ai choisie, cet amant, cette amante.(…)

                        Cette percée directe, à travers les apparences, ce  que l’amour me permet de voir, c’est     l’accomplissement de ce qui est en devenir, une  sorte d’avance sans versement d’intérêts, une  sorte d’acompte sur l’héritage de lumière de celui que j’aime.

                        (Où cours-tu ? p. 136)


 

                -  sur l’ombre :


                   Il existe un passage forcé par l’ombre, par la mort de nos représentations. Cette jeune femme,  victime d’inceste dans l’enfance, qui crut mourir en nous confiant son secret noir : elle partait chaque premier de l’an, seule sur la plage,  et  enfonçait le couteau qu’elle apportait, caché sous              sa chemise, dans le sable. En nous livrant son  secret de détresse, elle obtint enfin l’amour qu’elle     croyait perdre par cet aveu – et son propre  pardon.

                        (Où cours-tu ? p.75)

 


            - sur le corps :


                    Une âsana, une posture parfaite, peut aussi,  lorsque nous la vivons dans le paradoxe de son immobilité vibrante, manifester cet ordre  amoureux, nous le faire sentir au niveau du                  corps. Lorsque le chevalet du violon est déplacé d’un millimètre, le son en est cassé ; de même, dans l’ordre du corps, lorsque l’empilement vertébral se vit dans sa perfection, dans sa tension    et dans sa détente maximale, il engendre cette sensation d’ordre amoureux, d’ordre parfait. Il y a dans le corps une sensation aussi fugitive que  l’éclair qui nous met debout, tendu et frémissant, à en mourir presque,  comme l’est la corde du  violon dans la fulgurante évidence : un instant de cette divinité. Dans la parfaite ordonnance des  vertèbres, des tendons, des nerfs, se reflète un  instant l’ordre du cosmos, cet ordre amoureux.

                    Le corps est cette œuvre d’un grand luthier qui aspire à la caresse de l’archet.

                        (Ou cours-tu ? p.130)

 

                                De tous les mystères que j’ai rencontrés sur  terre, le corps est le plus grand. Rien qui ne soit plus menacé, plus soumis aux lois de la  destruction, de l’entropie et de la déchéance. Rien     qui ne soit plus à même de capter l’éternité,   de se  faire le détecteur du frôlement des dieux, de leurs      allées et venues parmi les hommes.

                        (Les sept nuits de la reine, p.96)

 


         - sur l’engagement :


                   La première de toutes les fidélités, nous la devons  à la Vie qui est en nous. Cette fidélité-là, à certains moments cruciaux, peut ressembler, vue du dehors, à une infidélité.

                        Consciemment ou inconsciemment, n’avons-nous pas fait serment de ne jamais laisser s’embourber dans l’insignifiance cette vie qui nous a été  transmise par le sacre de la naissance ?

                        Chaque fois que le danger rode de la perdre en  futilités, en broutilles, chaque fois que l’anesthésie la  gagne ou que l’asphyxie la plombe, comment ne pas réagir ? Comment ne pas courir ouvrir les portes et les vantaux ?

                        (Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies, p.86)

 


                - sur la nuit :


                   Je me suis demandé quelle est cette force indécelable à l’œil et qui tient ensemble notre vie, qui, d’une multitude atomisée d’instants, parvient à faire une unité. De quelle nature est-il              cet invisible mortier ?

                        Je crois le savoir désormais : c’est la nuit, la face  cachée aux regards.

                        Tout ce qui a constitué  nos vies et continue de le  faire,  les formes et les contours du monde  manifesté, les espérances, les attentes, les  séparations et les jubilations, tout trouve sa      consistance ultime dans le formidable alambic de  la nuit.

                        (Les sept nuits de la reine, p.9)

 


         - sur la solitude :


              Si nous étions la même personne, je ne pourrais  pas te tenir la main, ni te caresser le front, ni te donner à boire. C’est par miséricorde que Dieu ne nous a pas donné un seul corps pour nous deux. Il nous en a donné deux pour que je puisse te porter, te serrer dans mes bras et t’embrasser.                 Chacun a son chemin, même si tous les chemins  pour finir se rejoignent. Et c’est parce que je t’aime, Aurélio, que je te laisse avancer seul.

                        (Les sept nuits de la reine, p. 143)

 


                - sur l’identification :


                   Eh bien voilà ; il n’est que de laisser couler à  travers nous ces jeux de la lumière divine. Ils nous traversent, se brisent en réfractions multiples, en scintillements innombrables mais                entendez-moi bien : dans ce lieu traversé, personne ne se tient !

                        Ni vous, ni moi, ni personne ! Et quand je dis  personne,  ne croyez pas que j’exagère. Il n’y a  véritablement personne à qui cela arrive. J’ai suivi ces jeux de miroitements que nous appelons     nos vies.

                        Quel étonnant spectacle !

                        Ce que j’ai vu m’a rendu libre et joyeux.

                        Le plus souvent, au lieu de jouir de ce que la vie veuille jouer avec nous,  au lieu de lui présenter nos friselis,  l’ondulation de notre vague pour qu’elle en fasse chatoyer la surface, nous      nous mettons à croire que cela nous le sommes  vraiment et devenons les captifs d’un mirage.               L’engrenage de la souffrance nous saisit alors.

                        Sur celui qui a cessé de se prendre pour lui-même, la souffrance n’a plus prise.    Etrangement, il n’y  a, lorsque cette réalité s’est installée, aucun renoncement à accomplir, aucun sacrifice à faire –  c’est tout le contraire : quand plus personne ne  revendique ce qui arrive, il n’y a que délivrance. Il n’y a qu’expérience radieuse et contemplation.

                        (Seul ce qui brûle, p.137)

 

 

 

                - en guise de viatique ( ?)


                        Ce qui fait la royauté de notre aventure, c’est  l’élan qui nous habite,  le désir qui nous porte et nous brûle. N’espérons pas réussir pour de bon !

                        C’est parce qu’il aimait tant son serviteur, Moïse,  (…) que dieu ne l’a pas fait entrer en Terre  promise, lui laissant à jamais la meilleure part :   l’ardent chemin qui mène vers …

                        (Où cours-tu ? p.174)

 

 

 

 

 

 

 

   Elle est venue, elle est partie.

Elle voulait se fondre jusqu’à ne laisser aucun sillage.

- Jusqu’où porteront nos voix sans la sienne ?

 

                   Jean-Pierre VAISSAIRE,  décembre 2008

                                                         

 

 

 

 

 

(Jean-Pierre VAISSAIRE a publié :

Aux Editions du Rocher : Le jardin de sérénité, journal d’un méditant

Aux Editions Plon : L’île du Ponant, récit d’enfance

Aux Editions Parole:  Chaconne (d’après JS Bach) )

 

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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 15:57

 

 

 

 

Peindre à deux

 

 

 

 


 

 Cathy BARBET  ,  Kloé  VANO

 

 


           

 

                A cette évocation, tout peintre se récrie, et le déclare impossible.

                Il est déjà si difficile de peindre seul . . . d’ajuster sa propre perception des couleurs à son pinceau, à sa toile.

                D’unir, rien que pour soi, le geste à l’impulsion.

                Oser s’aventurer dans cet inconnu en tandem peut sembler tenir du défi :  non un défi familial ou ludique, qu’on tenterait par jeu, mais un défi  aux Dieux des formes et des couleurs.  Des sensations et de leur expression, du Désir et de son aboutissement. 

 


 

Cathy / Kloé                    Kloé / Cathy

 

 

 

 

                Binôme – hydre à deux têtes – association – pacte de solidarité – dualité – deux en un -  quatre mains -  quatre hémisphères

 

                Une  matière ?    Un  résultat ?    Une  unité ?


                Il n’est bien sûr pas question de répondre.   Mais la peinture parle à chacun.

                Et il n’est rien à dire sur les peintres, que leur œuvre ne dise déjà.


 

____________________

 


 

 

                Tout est parti d’un coup de foudre, dit Kloé.

                Derrière la foudre suit la cendre.

                Ou le brasier.

                La fertilité en tout cas :  quelque chose émerge de cette confrontation des âmes  et des mains qui les écrivent.

                A faire se côtoyer deux talents surgit presqu’obligatoirement l’opposition. Mais ces deux-là ne se côtoient pas seulement,  ils travaillent au même !

                Quel défi ! (à moins d’y adjoindre l’innocence)

                Quel culot ! (à moins d’y avoir la grâce)

                Ou Kloé parle d’opposition, Cathy parlerait plutôt de fusion (on revient à la foudre :  soit la colère sépare, soit elle réunit.)

                La question demeure : que faire de son ego dans cette démarche ?

                L’oublier ? pas question, au risque de perdre peut-être ce que l’on a de plus créatif . . .

                Le faire passer devant ?  (disons-le : devant l’autre ?) pas question non plus, sauf à entrer dans une relation    tyran/soumis.

                Travail de funambule peut-être : l’équilibre délicat qui consiste à peindre du plus profond de soi, mais avec un respect  infini pour le plus profond de l’autre.


                Si l’investissement personnel est total,

                Si le respect de l’autre est total,

                Si l’intransigeance envers la facilité est absolue,

                . . . alors  quelque chose peut naître.

 

                Cathy ose parler de  « mystère sacré »,  de chemin vers l’universel.


                N’est-ce pas justement dans ce chemin du « je » au « nous »  que peut se découvrir l’attention à l’autre,  meilleur  -  seul ?  -  chemin  vers soi-même ?  Christiane Singer, peintre des mots, à l’énergie si solaire, ne dit-elle pas qu’à prendre soin du plus petit on prend soin de l’univers entier ?


                Les deux artistes le disent aussi : des deux travaux cheminant ensemble naît une « troisième personne ».


                Quelque chose qui leur échappe peut-être, comme l’enfant un jour échappe à ses parents, quelque chose qui naît et puis possède sa vie propre,  et va son chemin.

                                                              

 

                                                                                    jean-pierre vaissaire

 

 

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